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Hadopi: les premiers mails envoyés malgrè un dispositif incomplet !

6 octobre 2010 | Catégorie : Informatique,Politique

Près d’un an après le vote de la loi Hadopi 2, les premiers mails ont été envoyés aux personnes ayant fait l’objet d’une constatation de téléchargement frauduleuse d’une oeuvre protégée par les droits d’auteurs. A quoi ressemble ces mails me direz-vous à ceci, en effet face à la menace de spam la Hadopi a publier une lettre type (cela suffira-t-il pour que madame Michou ne tombe pas dans le piège rien n’est moins sûr).

NB: « Mme Michou » est une expression qui est utilisée pour désigner une personne débutante en informatique sachant juste lire son courriel et surfer sur le net. Une personne, dirons-nous, innocente et dépourvue de mauvaises intentions.

Toujours est-il que la Hadopi, mettant toujours la charrue avant les boeuf, oblige les internautes à protéger leur accès internet contre les intrus au réseaux, sans leur proposer de solution de protection. Quand on pense aux sommes astronomique que dépensent les entreprises pour protéger leur réseaux informatiques sans vraiment y parvenir à 100%, comment peut-on supposé que madame Michou puisse y arrivée seule chez elles. La Hadopi vient seulement de publier les appels d’offres pour la conception de logiciel de contrôle du piratage de réseaux intitulé « dispositif d’accompagnement des usagers dans leur sécurisation du réseau local ». (vaste programme)

Comme pour reprendre l’expression d’UFC Que choisir d’abord « la machine à claque » après on pensera à la prévention. Ainsi l’obligation de sécuriser son réseau, écrit noir sur blanc dans la loi Hadopi, sous peine d’une contravention pour négligence caractérisé (en terme juridique c’est un renversement de la charge de la preuve), pourra être appliqué envers les premiers contrevenant sans qu’il n’y ai d’outils adéquats leur permettant d’atteindre ce niveau de sécurité. Si tant est qu’il soit possible techniquement de développé de tels outils. Si cela était possible cela ferai depuis longtemps que tous les ordinateurs en aurait été équipé.

En attendant la suite de la chronique Hadopi, on peut sérieusement mettre en doute l’efficacité de la réponse graduée sur la baisse du téléchargement pirates des oeuvres protégées. En effet mettons-nous deux minutes à la place de celui qui recevra le mails, pensez-vous vraiment qu’il va arrêter de télécharger illégalement. Bien sur il se dira comment faire pour ne pas recevoir la lettre recommandée ? La réponse lui viendra certainement d’un ami ou d’une simple recherche sur google. UTILISE UN PROTOCOLE CRYPTE !!! Un simple proxy VPN, protocole SSH, logiciel F2F (Friend To Friend) etc… c’est pas les solutions qui manquent. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que la NSA (Agence de renseignement américaine) a fustigé la loi Hadopi voyant le risque de la généralisation des protocoles cryptés très difficiles à écouter (voir cette article).

Ce qui est assez amusant, c’est qu’Hadopi réussira là où aucun spécialiste en informatique n’a jamais réussi: « convertir la masse à sécuriser leur accès sur internet et leur vie privée ». Sans compter que le français moyen tel qu’on le connaît, ADORE contourner les lois, c’est un de ses sports favoris avec celui de payer le moins d’impôt possible. Les fournisseurs d’accès crypté VPN français ont vu leurs abonnements augmenter de 400% depuis l’année dernière et cela ne fait que commencer.

Si on ajoute encore à tout cela le fait que certains acteurs comme le Fournisseur d’Accès Internet Free traîne les pieds devant l’obligation à l’envoie des premiers mails d’avertissement à ses abonnés et la création d’association proposant une aide juridique pour se défendre contre Hadopi, on voit bien que cette loi n’aura qu’une efficacité extrêmement modérée contre le piratage. Et surtout les artistes n’auront pas le moindre centime en plus. D’ailleurs est-ce vraiment une loi faites pour les artistes ?

Après avoir si bien critiqué, je me dois de proposer une solution alternative à Hadopi pour favoriser l’offre légale sur internet et la rémunération des artistes. Ma solution est très simple, peut-être un peu radicale, mais pas tant que ça finalement. Partant du principe qu’il faut défendre les droit d’auteurs, je m’aperçois que ceux qui se sucrent le plus sur le dos des auteurs ce sont les majors. Les majors ont une utilité de plus en plus obsolète face aux nouveaux moyens de diffusion numérique. Et enfin que ce qui bloque l’offre légale sur internet ce sont les contrats hyper-rigides liant les artistes aux majors (non non ce n’est pas le piratage, ne confondons pas « causes » et « conséquences » ).

Faisons une loi libérant les artistes de toutes contraintes contractuelles vis à vis des majors lorsqu’il s’agit de distribuer, vendre ou faire la promotion de leur propres oeuvres sur internet. C’est un peu comme la vente directe du producteur au consommateur sans passer par les supermarchés. Les artistes récoltes directement le fruit de leur travail et le public a un contact directe avec les artistes. Après les majors pourraient non pas disparaître, mais muter progressivement vers un marché certe plus restreint de support physique mais de meilleure qualité. Il faut admettre qu’aujourd’hui la vente des supports physiques ne pourra pas rester tel qu’il est, donc les grosses majors comme Universal disparaîtront certainement mais des petites boîtes comme Naïve (distributeur français de taille humaine) elles s’adapteront. Pour imagé les dinosaures disparaîtront mais les petits mammifères eux vivront.

Je ne crois pas à la solution Hadopi et je ne crois pas non plus à la taxe global sur internet. Les artistes sont assez grand pour mener leur barque tout seul sans être aliéné à une major ou à une taxe d’état. N’oublions pas que les droits d’auteurs ont été mis en place pour protéger les artistes de l’abus des éditeurs et des distributeurs. Aujourd’hui ce sont ces mêmes éditeurs et distributeurs qui revendiquent pour eux-mêmes ces droits d’auteurs ! N’y a-t-il pas eu quelques égarements legislatifs au fil du temps ? Ma proposition vise à redonner un souffle aux libertés des artistes afin qu’ils exploitent un nouvel espace d’expression de façon libre et non contrainte.

Et nous voyons bien qu’Hadopi enferme encore plus les artistes et le public dans l’asservissement des Majors. Le lien artiste-public devient ainsi de plus en plus ténu.

Mithrandir79

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